Le plus petit des apôtres

A l’issue de la semaine de prière pour l’unité, nous vous proposons une méditation sur la miséricorde déversée sur Paul au moment de sa conversion.

Saint Paul, Guido Reni, 1634, Musée du Prado, Madrid
La conversion de saint Paul est un jalon majeur de la Nouvelle Alliance. Tout appel « s’inscrit sur l’horizon de la miséricorde » (pape François, Le Visage de la Miséricorde §8).La Miséricorde agissante du Christ se choisit un apôtre à partir d’un ennemi acharné. Le visage du Ressuscité transforme son cœur, afin de fournir à l’Église un instrument de choix. La semaine de prière pour l’unité, dans le cadre de l’année jubilaire, peut s’inspirer de la miséricorde déversée sur Paul au moment de sa conversion.

L’Apôtre, qui se voyait sans détours comme « le premier des pécheurs » (1 Timothée 1, 15), était bien conscient de la richesse de compassion offerte par le Seigneur : il m'a « jugé digne de confiance en me prenant à son service » (1 Timothée 1, 12).

En méditant sur son passé, enfin guéri par la miséricorde divine, il évoque avec émotion ses égarements : « Autrefois je persécutais à outrance l'Église de Dieu et je m'acharnais contre elle » (Galates 1, 13). Il gardait vivant lecontraste entre son passé méprisable et la révélation inattendue de Jésus vivant : « Il m'est aussi apparu, à moi l'avorton » (1 Corinthiens 15, 8).

Il n’hésite pas à dévoiler ses sentiments à ses frères. « Je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu » (1 Corinthiens 15, 9). Sans excuses, il avoue : « Moi, qui étais auparavant blasphémateur, persécuteur et violent » (1 Timothée 1, 13). Paul converti est un bon exemple pour la conversion jubilaire : nous manifestons aussi non fautes devant le tribunal de réconciliation. Le pape adresse « l’appel à la conversion avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu en raison de leur conduite de vie » (ibidem §19).

Le jubilé, à la lumière de cette conversion, inspire confiance pour nous mêmes et pour les autres

À la lumière de ces faits, Paul peut mieux cerner la générosité du Sauveur. L’épisode de conversion configure toute sa vie : « Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu » (1 Corinthiens 15, 10). En pensant à ses frères, il se reconnaît privilégié par la surabondance de la grâce : « S'il m'a été fait miséricorde, c'est afin qu'en moi, le premier, Christ Jésus démontrât toute sa générosité, comme exemple pour ceux qui allaient croire en lui, en vue d'une vie éternelle » (1 Timothée 1, 13).

La conversion de Saint Paul, Laurent de la Hyre, 1637, Notre Dame de Paris

Comme autrefois Pierre, Paul montre la fécondité de la grâce. Deux exemples de conversion et persévérance. « Courage ! Tu en es capable. — Ne vois-tu pas ce que la grâce de Dieu a fait de ce Pierre somnolent, renégat et lâche…, de ce Paul persécuteur, haineux et obstiné ? » (Saint Josémaria, Chemin §483). Une splendide toile du Parisien Laurent de La Hyre fut offerte, par la générosité des corporations des métiers, à la cathédrale Notre-Dame pour le 1er mai de 1637 : La Conversion de Saint Paul. La gestuelle baroque montre le vif dialogue entre le Rédempteur et le persécuteur surpris. La haine de Paul se heurte à la tendresse du Christ, qui sort vainqueur de la rencontre.

L’appel inattendu de Paul éclaire la charité à déployer quand nous rencontrons des frères séparés, des âmes égarées. Nous n’avons le droit de mépriser personne.

Le jubilé, à la lumière de cette conversion, inspire confiance pour nous mêmes et pour les autres. Le pape nous le rappelle : « Ne tombons pas dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide » (ibidem §15). L’appel inattendu de Paul éclaire la charité à déployer quand nous rencontrons des frères séparés, des âmes égarées. Nous n’avons le droit de mépriser personne. « C’est vrai qu’il fut pécheur. — Mais ne porte pas sur lui ce jugement irrévocable. — Aie le cœur miséricordieux, et n’oublie pas qu’il peut encore devenir un saint Augustin, alors que toi tu restes un médiocre » (Saint Josémaria, Chemin §675).

Abbé Antoine Fernandez