Les entrailles de la miséricorde

La fête de la Sainte Trinité nous fait sillonner les principaux mystères de l’Amour de Dieu : Pâques, la Pentecôte et bientôt le Sacré-Cœur, comme nous le suggère ce texte : « Le mystère pascal est l’apogée de la miséricorde trinitaire dans le Cœur transpercé du Fils (…) Par son Fils le Père des miséricordes se rend proche de l’homme qui souffre (…) Le Saint Esprit, le Consolateur est ainsi comme la miséricorde en personne »

Le jubilé invite à « revêtir des entrailles de tendresse » (Colossiens 3, 12). Les psaumes

célèbrent la bienveillance superlative et intime du Seigneur (pape François, Le Visage de la Miséricorde §6-7). Le prophète ressentait cette nostalgie, devant la ruine d’Israël : « Où est le frémissement de tes entrailles ? » (Isaïe 63, 15). Au seuil de l’alliance nouvelle, Zacharie chante les « entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Luc 1, 7).

Par son Fils, « le Père des miséricordes » (2 Corinthiens 1, 3) se rend proche de l'homme qui souffre ou qui chute. Sa pitié rédemptrice nous justifie : par le Saint-Esprit, le sang du Fils purifie les consciences (Hébreux 9, 14). La Trinité pardonne et fait participer à sa vie bienheureuse. Le mystère pascal est l’apogée de la miséricorde trinitaire dans le Cœur transpercé du Fils.

Le Saint-Esprit est le Don réciproque d’amour, personnel et éternel, du Père et du Fils : l’engendrement distingue, l’amour unit. Le Consolateur est ainsi comme la miséricorde en personne : « il est le Don trinitaire tout en étant la source éternelle de toute largesse divine aux créatures » (Jean-Paul II, Dominum et Vivificantem §39).

Après une gravure d’Albert Dürer (1511), la Trinité verticale, où le Père, sous le regard du Saint-Esprit, tient entre ses bras le Fils immolé, sans la croix, fut peinte par le Flamand Colijn de Coter pour l’église Saint-Denis de Saint-Omer (1515, au Musée du Louvre) et par le Gréco (1577, Prado, Madrid) pour les cisterciens de Tolède.

« Dans l'inscrutable unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, l'amour, contenant la justice, donne naissance à la miséricorde qui, à son tour, révèle la perfection de la justice » (Jean-Paul II, Dives in Misericordia §8). La sainteté du Christ immolé est le reflet parfait de la sainteté trinitaire. La justice de l'Évangile purifie l’âme par le sang précieux de l'Agneau innocent.

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5, 7) : c’est une promesse de béatitude et surtout un autoportrait de Jésus, heureux aussi de se livrer à la mort pour nous sauver.

La miséricorde infinie du Dieu Trine devient, en face des menaces actuelles, un appel : « Amour miséricordieux, nous te prions de ne pas nous manquer ! Sois inlassable ! Sois toujours plus grand que tout mal qui se trouve dans l’homme et dans le monde » (Jean-Paul II, homélie, sanctuaire de Collevalenza, 22/11/1981).

L’Esprit de sainteté donne la componction et le désir du pardon par la réconciliation sacramentelle. Par le ministère de l’Église, il nous libère du mystère du mal et nous greffe à la vie divine. L’année sainte, sous les entrailles de la miséricorde trinitaire, nous invite à devenir des témoins de la grâce, des hérauts de la confession.

Abbé Antoine Fernandez