Les fioretti du pape François en septembre

Nous poursuivons la publication d'extraits de propos tenus par le pape devant divers publics. Le Pape compare notamment la médisance au terrorisme et dénonce le consumérisme dans les relations humaines.

Le monde est devenu un grand supermarché

Aux cardinaux et archevêques présents à la rencontre des familles à Philadelphie, le 27 septembre 2015 :

« Le monde semble devenir l’un de ces grands supermarchés ; notre culture est devenue de plus en plus compétitive.

De nos jours, le consumérisme détermine ce qui est important. Consommer les relations, consommer les amitiés, consommer les religions.

Le commerce n’est plus mené sur la base de la confiance ; on ne peut plus faire confiance aux autres. Il n’y a plus de relations personnelles de proximité. La culture d’aujourd’hui semble encourager les gens à ne nouer de relations avec rien ni avec personne, à ne pas faire confiance. Aujourd’hui, suivre la dernière tendance ou activité semble être la chose la plus importante. […] De nos jours, le consumérisme détermine ce qui est important. Consommer les relations, consommer les amitiés, consommer les religions. […] Peu importent le coût ou les conséquences. Une consommation qui ne favorise pas la relation, une consommation qui a peu à voir avec les relations humaines. Les liens sociaux sont de purs ‘moyens’ pour la satisfaction de ‘mes besoins’. Ce qui est important, ce n’est plus notre voisin, avec son visage familier, son histoire et sa personnalité. Le résultat est une culture qui écarte tout ce qui, au goût du consommateur, n’est plus ‘utile’ ou ‘satisfaisant’. Nous avons transformé notre société en une énorme vitrine multiculturelle liée uniquement aux goûts de certains ‘consommateurs’, tandis que tant d’autres sont réduits à manger ‘les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres’ (Mt 15, 27). »

Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse

Au sanctuaire de Notre Dame de la Charité del Cobre, à Cuba, le 22 septembre 2015 :

« Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse, comme Marie, Mère de la Charité. Nous sommes invités à ‘sortir de chez nous’, à avoir les yeux et le cœur ouverts aux autres.

Comme Marie, nous voulons être une Église qui sache accompagner toutes les situations ‘embarrassantes’ de nos gens,(...) pas en nous retirant mais en cheminant avec nos frères.

Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion et nous conduit à nous impliquer, pour servir, dans la vie des autres. Notre foi nous fait sortir de chez nous pour aller à la rencontre des autres afin de partager joies et allégresses, espérances et frustrations. Notre foi nous fait sortir de la maison pour visiter le malade, le détenu, celui qui pleure et celui qui sait aussi rire avec celui qui rit, se réjouir des joies des voisins. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité. Comme Marie, Mère de la Charité, nous voulons être une Église qui sort de la maison pour établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. Comme Marie, nous voulons être une Église qui sache accompagner toutes les situations ‘embarrassantes’ de nos gens, engagés dans la vie, la culture, la société, pas en nous retirant mais en cheminant avec nos frères. »

Celui qui bavarde « jette une bombe »sur la réputation de l’autre

Aux consacrés, le 18 septembre :

« Le bavardage, c’est aussi du terrorisme ! Parce que celui qui bavarde ‘jette une bombe’ sur la réputation de l’autre et détruit l’autre qui ne peut pas se défendre. Parce qu’on bavarde toujours dans l’obscurité, pas dans la lumière. Et l’obscurité est le royaume du diable. La lumière est le Royaume de Jésus. Si tu as quelque chose contre ton frère, contre ta sœur, va… Prie d’abord, apaise ton âme et ensuite, va le lui dire à lui, à elle : ‘Je ne suis pas d’accord sur ce point… Tu as fait quelque chose de mal…’ Mais jamais, ne jamais jeter la bombe des bavardages. Jamais, jamais ! »

Les enfants et les femmes de la rue ne sont pas des ‘paquets’ à échanger

Le 17 septembre, au symposium sur la pastorale de la rue :

« Les réalités, parfois très tristes, que vous rencontrez, sont causées par l’indifférence, la pauvreté, la violence familiale et sociale et la traite des personnes humaines. Sans parler de la douleur due aux séparations conjugales ou à la naissance d’enfants hors mariage, destinés souvent à une vie ‘d’errance’. Les enfants et les femmes de la rue ne sont pas des numéros, ils ne sont pas des ‘paquets’ à échanger : ce sont des êtres humains avec un nom et un visage, avec une identité donnée par Dieu à chacun d’eux. Aucun enfant ne choisit par lui-même de vivre dans la rue. Malheureusement, même dans ce monde moderne et global, beaucoup d’enfants sont privés de leur enfance, de leurs droits et de leur avenir. La carence de lois et de structures adéquates contribue à aggraver leur état de privation : ils n’ont pas de vraie famille, ils n’ont pas d’éducation ni d’assistance sanitaire. »

Qui porte la paix est saint, qui bavarde est comme un terroriste.

À Sainte-Marthe, le 4 septembre 2015 :

Celui qui bavarde est comme celui qui jette une bombe et puis s’en va, il détruit avec sa langue, il ne fait pas la paix.

« Si une personne durant sa vie ne fait rien d’autre que réconcilier et œuvrer à la pacification, on peut la canoniser, elle est sainte. Mais nous devons nous convertir, apprendre à ne pas porter une parole qui divise, une parole qui porte la guerre, même des petites guerres, des paroles qui ne soient pas des bavardages. Faire des commérages est comme le terrorisme. Celui qui bavarde est comme celui qui jette une bombe et puis s’en va, il détruit avec sa langue, il ne fait pas la paix. »

Un prêtre qui n’est pas miséricordieux fait du mal

À Sainte-Marthe, le 10 septembre 2015 :

« Si vous êtes un prêtre et que vous ne parvenez pas à être miséricordieux, demandez à votre évêque de vous confier un travail administratif, mais ne vous rendez pas dans le confessionnal, s'il vous plaît ! Un prêtre qui n’est pas miséricordieux fait tellement de mal dans un confessionnal »

En dormant, personne ne peut chanter, danser ni se réjouir.

« Le 17 août 2014 aux jeunes d’Asie :

Le psaume responsorial de ce jour nous invite à toujours ‘‘être dans l’allégresse et à chanter de joie’’. En dormant, personne ne peut chanter, danser ni se réjouir. Il n’est pas bon de voir un jeune dire « je vais dormir… Non ! Réveillez-vous ! ». Chers jeunes, ‘‘Dieu, notre Dieu, nous a bénis’’ (Ps 67, 6) ; de lui nous avons ‘‘obtenu miséricorde’’ (Rm 11, 30). Assurés de l’amour de Dieu, allez dans le monde de sorte que ‘‘par suite de la miséricorde que vous avez obtenue’’, ils – vos amis, vos collègues, vos voisins, vos compatriotes, toute personne de ce grand continent – ‘‘puissent maintenant recevoir la miséricorde de Dieu’’ (cf. Rm 11, 31). C’est par sa miséricorde que nous sommes sauvés. »